Ce type de paysage reflète la relation de l’homme à son environnement. De cadre de vie, la nature s’est peu à peu transformée en ressource, exploitée aujourd’hui au maximum. Dans cette optique productiviste, les zones non rentables ont peu à peu été bannies. Les prés ont perdu arbres isolés et haies, les lisières sinueuses des forêts ont été redressées et les arbustes en ont été éliminés.
De même, de nombreuses forêts mixtes ont fait place à une monoculture d’épicéas, plus intéressante financièrement. Cet appauvrissement de la végétation est accompagné d’une diminution drastique des zones de refuge pour de nombreuses espèces animales, ce qui met en péril la survie de plusieurs d’entre elles.
C’est pourquoi la zone alluviale constitue ici un îlot de biodiversité bienvenu. En l’observant de plus près, on constate qu’elle contient toute une succession de milieux naturels différents. De la forêt d’épicéas, on passe à des feuillus, puis à une forêt alluviale à bois dur. La berge en constante évolution recèle un bras de rivière et une plage de galets qui débouche sur une zone d’eau calme. Cette dernière est bordée de roseaux, qui font place à une forêt alluviale à bois tendre, puis à un talus recouvert de divers arbustes.
En ajoutant les zones découvertes le long du sentier mais invisibles depuis ici, il devient plus aisé de comprendre pourquoi les zones alluviales, qui ne représentent que 0,5% de la surface de notre pays, abritent plus de 50% de sa flore, en plus d’une grande diversité de faune. La nécessité de préserver ces biotopes s’impose dès lors comme une évidence.