Les étendues boisées ont de tout temps constitué un refuge. Hors-la-loi, ermites et sorcières se réfugiaient au fond des bois à l’abri des regards. «Forêt» vient d’ailleurs du latin forestis, qui désigne quelque chose qui est «étranger», hors des limites connues et maîtrisées par la civilisation.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, deux clôtures ont été érigées ici de part et d’autre de la frontière, afin d’empêcher tout passage. Côté France, les troupes d’occupation italiennes, puis allemandes dès 1943, ont installé grillages et barbelés. En gravissant les escaliers de la frontière, vous pouvez trouver sans peine les restes de ces poteaux, voire un bout rouillé de fil de fer barbelé. La végétation et la terre sont toutefois en train de recouvrir ces tristes témoins.
En face du sommet des escaliers, une borne signale la présence d’une autre frontière, plus ancienne. Frappée d’un «S» côté français, cette borne rappelle le temps où la Savoie appartenait encore au royaume de Sardaigne. Ce n’est qu’en 1860 que ce duché est devenu français, cédé à Napoléon III par les Sardes en échange de son aide apportée dans la guerre contre l’empire austro-hongrois. (Une des plus célèbres batailles de cette campagne franco-sarde, le carnage de Solférino, a fait plus de 40’000 morts et a inspiré à Henri Dunant la fondation de la Croix-Rouge.)