Parmi ses multiples utilisations, le chêne a longtemps fourni l’ingrédient qui permettait de tanner les cuirs. Le tanin, qui donne au bois de chêne fraîchement coupé son odeur acide et âcre, est extrait de l’écorce lisse et charnue des jeunes tiges.
Les chênes âgés de 20 à 25 ans étaient coupés en perches, puis on les incisait sur toute la longueur. A coups répétés de «mailloche», on «levait le cornet» (détachait l’écorce). Cette opération était facilitée entre mi-avril et fin mai par la circulation abondante de la sève. Avant d’être livrées aux tanneurs, les écorces détachées étaient mises à sécher sur place et liées avec des «rioutes» de saule marsault, de viorne ou de noisetier. (Le fil de fer était proscrit car il provoquait des taches indélébiles sur le cuir.)
Les tanneries de Genève, établies le long du Rhône sur le quai du Seujet, constituaient une industrie importante. Leurs besoins en tanin étaient tels qu’elles se fournissaient dans tout le bassin lémanique. Il fallait en moyenne cent quarante kilos d’écorce hachée (le « tan ») pour tanner une peau de boeuf. Cette opération, qui se déroulait dans une fosse, prenait de 12 à 18 mois. A partir de 1878, les chênes ont perdu ce rôle suite à la découverte des sels de chrome, dont l’emploi réduisait le processus de tannage à seulement quatorze jours!