Le Rhône est ici quarante mètres plus bas que le lac Léman. Cette chute se concentre principalement au barrage de Verbois, qui produit de l’électricité. Genève ne couvre aujourd’hui qu’un tiers de ses besoins énergétiques. Cette situation n’est pas nouvelle: autrefois la ville devait déjà importer du bois. Abattu en Valais et tout autour du Léman, il était chargé sur les barques (pour le bois de feu) ou assemblé en radeaux et remorqué (pour le bois de construction).
Le flottage du bois sur le fleuve remonte à l’époque romaine. Son transport par voie d’eau empruntait le Rhône alpin et le Léman, puis transitait par Genève avant de poursuivre sa route vers le sud. Le port de la Fusterie, établi sur l’île du Rhône par les Romains et ensuite complété par ceux du Molard et de Longemalle, accueillait de nombreux charpentiers, tanneurs et tonneliers.
Plus tard, c’est le commerce du bois à destination de la France qui s’est développé à Genève, en particulier avec Lyon, Avignon et Marseille. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la flotte française en utilisait de telles quantités que du «bois de marine» en provenance des vallées valaisannes les plus reculées parvenait jusqu’à Toulon! Si lors de l’année 1846, cela représentait encore 54’000m3, avec le développement du réseau ferroviaire, puis routier, le flottage a depuis définitivement disparu.