Ce site marécageux a pourtant connu de grands bouleversements et il aurait pu disparaître. A partir du XVIe siècle, le développement de l’industrie légère entraîne la région dans une profonde mutation. Afin d’alimenter le moulin qui est alors érigé en contrebas, cette zone marécageuse est aménagée pour pouvoir stocker l’eau, ce qui donne naissance à l’étang. Le moulin est plus tard remplacé par une scierie, qui utilise aussi l’eau de l’étang, jusqu’à l’arrivée de l’électricité en 1952.
A partir du XVIIIe siècle, une autre activité humaine a bien failli défigurer à jamais ce paysage: l’exploitation de la tourbe. A cette époque, le bois commence à se faire rare dans le Jura. Il faut trouver un nouveau combustible. Les paysans se mettent à exploiter la tourbe qui se trouve dans les milieux marécageux. La Gruère, qui en recèle une couche de plus de huit mètres de profondeur, n’est pas épargnée.
Heureusement pour ce site, l’extraction y reste artisanale. Dans les années 1940, un vaste projet d’exploitation industrielle est envisagé, mais grâce à la détermination des protecteurs de la nature, il ne voit pas le jour. En 1987, les tourbières de Suisse sont définitivement protégées par une loi. Il était temps, car à ce moment-là l’exploitation de la tourbe a réduit leur surface de 90%.