De même, situé de l’autre côté du défilé, le château de Quiquerez (voir poste 5) s’est ainsi vu équiper d’un canon, de par son emplacement stratégique et le grade d’officier de son propriétaire. S’il n’a pratiquement pas été utilisé dans un but militaire, il a toutefois retenti régulièrement, Quiquerez s’en servant pour saluer ses hôtes de marque.
Le Jura, ancienne principauté épiscopale de Bâle, a été incorporé à la France lors de la Révolution de 1789. De ce fait, Quiquerez est né citoyen français. Il devient suisse suite à l’annexion du Jura par le canton de Berne en 1815, et incorpore l’armée suisse.
Lors de son parcours militaire, il rencontre un certain Louis-Napoléon Bonaparte au cours de son école d’officier d’artillerie à Thoune. Ce Thurgovien d’Arenenberg, fils de la Reine Hortense, va devenir par la suite l’empereur Napoléon III. Leur passion commune pour l’archéologie va les maintenir en relation au-delà de cette période.
Si son frère Louis atteint le grade de colonel, Auguste Quiquerez devient major. Il a l’occasion de participer à divers faits d’armes sous le commandement du futur général Dufour. Le plus remarquable d’entre eux est sans aucun doute la prise du pont de Courrendlin en 1831, durant laquelle il commande des volontaires contre les troupes du bailli bernois de Moutier.
Mémoires d’un militaire
«Ils avaient pris un détour pour arriver à Courrendlin derrière les troupes du bailli et leur couper la retraite. Les huit à dix cavaliers de la garde urbaine, formant l’avant-garde de la principale colonne d’attaque dirigée par Stockmar, par une audace imprudente, franchirent au galop le pont de Courrendlin pendant que l’infanterie bordait la rivière. Les cavaliers furent sur le bailli avant qu’il eut le temps de commander le feu. Se voyant entouré et peu rassuré sur le courage de ses quelque cent hommes fatigués et avinés, il demanda à parlementer.
»Stockmar s’avança, et après quelques minutes de pourparlers, le bailli capitula et licencia ses troupes, exceptées celles de Moutier, qui lui servirent d’escorte pour rentrer chez lui. Courrendlin vit alors s’élever un arbre de liberté sur la place qui avait failli devenir un champ de bataille.»
(tiré de Kohler Xavier, op.cit., p. 295)