Vers 1860 déjà, il fait l’acquisition d’une encombrante caméra et parcourt avec son fils Edouard tout le nord du Jura. Ils y prennent les premiers clichés de ce pays: paysages, châteaux, églises, arbres ou encore montagnes (qui frappent par leur déboisement). Ils utilisent la méthode de Talbot, les «calotypes», qui sont les premiers négatifs de l’histoire de la photographie.
Ils ont l’intention de réunir ces images dans une publication, le Recueil des vues photographiques prises dans l’ancien Evêché de Bâle, mais son financement par souscription échoue.
Par chance, un siècle plus tard, leurs héritiers vont faire cadeau de 125 de ces négatifs au Musée jurassien d’art et d’histoire de Delémont. Ces précieux témoins de l’aube d’une technique qui a bouleversé notre imaginaire y sont à présent conservés. On y retrouve le château de Soyhières dans son état de l’époque, le cabinet de curiosités créé par Quiquerez ou encore des vues qui ont pu être prises dans les environs.
Mémoires d’un photographe
«Le manoir de la Bourg [dans le district de Laufon], qui appartient à M. Haussmann, préfet de la Seine, n’est pas accessible aux visiteurs. Il renferme un concierge qu’on dit plus revêche que ceux des anciens donjons féodaux. Nous avons chaque fois vainement sonné et heurté à la porte, sans obtenir d’autres réponses que les aboiements des chiens irrités, et sans apercevoir autre chose qu’un œil à un petit guichet, un judas, par lequel le concierge a sans doute estimé que mon fils et moi, nonobstant nos pacifiques instruments de géomètres et de photographes, nous pourrions bien être tout au moins des voleurs.»
(Tiré de «Château de la Bourg», par Auguste Quiquerez, in Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 1865, p. 128.)