Si la forêt est équilibrée, le sylviculteur ne prélève lors de la coupe que l’équivalent en volume de l’accroissement de la forêt. C’est pourquoi on peut observer en divers endroits des empilements de troncs coupés de diamètre parfois imposant, sans que des « trous » soient perceptibles au sein de la forêt, qui reste stable.
De cette manière, la Forêt jardinée se conforme au principe du « rendement soutenu », ce fondement de la sylviculture suisse qui vise à garantir le maintien à long terme des fonctions environnementales des zones boisées. Dans une forêt régulière, au contraire, les arbres ont tous le même âge et atteignent leur maturité en même temps. Le rendement est ainsi presque nul pendant de nombreuses années, puis la forêt est coupée et livre tout son bois d’un coup, avant d’entrer à nouveau dans une longue phase improductive.
Un petit détour d’environ 80m le long du chemin des Châbles-Gisants, qui part de l’extérieur du virage, permet au promeneur de mesurer le contraste entre une forêt jardinée bien entretenue et une forêt traditionnelle. Abandonnée par son propriétaire, qui a émigré outre-Atlantique, cette dernière ne comporte point de sous-bois et aucune diversité. Là, pas de régénération, mais des arbres aux couronnes étriquées qui risquent au moindre coup de vent de s’écrouler et de donner raison au nom de ce chemin.