L’origine de l’hospice du col du Grand-Saint-Bernard est attribuée à saint Bernard, qui l’a fondé durant la deuxième moitié du XIe siècle. D’abord constitué de quelques cellules pour ermites, puis transformé et agrandi au gré des donations, il a très vite gagné une renommée européenne. De même, ses propriétés foncières ont connu une expansion extrêmement rapide grâce à des bienfaiteurs toujours plus nombreux, dont les principaux étaient les comtes de Maurienne (ou comtes de Savoie).
C’est vers la fin du XIIIe siècle que les possessions de l’hospice étaient les plus étendues. Les chanoines possédaient alors des «bénéfices» (terres) ecclésiastiques dans les diocèses de Sion, de Lausanne et de Genève, ainsi qu’en Savoie, bien souvent dans des points névralgiques pour le commerce.
En France, les chanoines avaient reçu du comte de Champagne l’Hôtel-Dieu de Troyes - situé à l’emplacement du marché aux grains, ainsi que la moitié des péages des toiles vendues à la célèbre foire de Provins. Les bonnes relations entre le roi d’Angleterre Henri II et la maison de Savoie ont même permis à l’hospice de posséder des terres outre-Manche. Enfin, il disposait également de nombreuses dépendances dans le Val d’Aoste et plus au sud sur le versant méridional des Alpes.