En mai 1800, au cours de la deuxième campagne d’Italie, Bonaparte décide de secourir le maréchal d’Empire André Masséna, dont la troupe est assiégée à Gênes par les Autrichiens. Accompagné d’une armée de réserve de 4’000 hommes, il opte pour le chemin le plus court, qui traverse le col du Grand-Saint-Bernard.
Si cette expédition est restée dans l’Histoire, c’est notamment grâce aux comptes-rendus à la gloire de ses troupes que Napoléon a publiés, ainsi qu’à l’habile commande d’une peinture devenue célèbre. Due à Jacques-Louis David, elle le représente franchissant le col sur son cheval cabré, en habits militaires.
Selon ses dires, Napoléon aurait failli chuter dans un précipice durant son passage ici, ne devant la vie sauve qu’à son guide, qu’il aurait remercié en lui offrant une maison. En outre, les troupes auraient affrontés des conditions épouvantables, entre neige, tempêtes et avalanches.
Ces récits de propagande masquent une réalité beaucoup moins héroïque. En fait, le temps était excellent durant toute la semaine où l’armée française a transité ici. Quant à Bonaparte, il a franchi le col deux jours après le gros des troupes, en habits civils et juché sur une… mule, dont le sabot est plus sûr que celui du cheval dans ces terrains accidentés.