Lorsqu’il divaguait librement dans la plaine, le Rhône déposait d’importants bancs de sédiments à son embouchure. Les alluvions ont formé dans cette partie du lac une faible pente sous-marine. Cette partie immergée mais peu profonde du delta, qui favorise le développement de la roselière lacustre, est appelée la «beine». Grâce à elle, les vagues sont progressivement freinées avant d’atteindre la rive, qui est ainsi protégée de l’érosion.
En plus de préserver le rivage, la beine constitue l’habitat privilégié de nombreuses plantes aquatiques et de mollusques. Parmi eux, les moules zébrées, apparues ici vers 1960, vivent au fond du lac, à quelques mètres de profondeur. Elles constituent la nourriture principale des canards plongeurs.
Depuis la fin des années 1990, l’entreprise qui exploite le gravier a l’obligation de reboucher les anciennes fosses de dragage, ce qui permet à la beine de se reformer. Pourtant, la rive continue à reculer dans toute la région, principalement pour deux raisons. D’abord, depuis que le Rhône a été canalisé, il ne fournit plus suffisamment de sédiments. Ensuite, les fosses de dragage, qui peuvent atteindre 30m de profondeur, sont particulièrement importantes devant les Grangettes et le Gros Brasset, où elles ont fait disparaître une partie de la beine.