A cette époque, Lausanne, chef-lieu administratif, s’est déjà tournée vers une économie tertiaire basée sur le tourisme et les services, et les industries ont quitté son centre. La ville s’est progressivement étendue et elle manque d’espaces de commerce et d’habitation. C’est pour répondre à ce besoin, et pour créer un pôle alternatif à Saint-François, que la Tour Bel-Air voit le jour.
A la fin des années 1920, les gratte-ciel se multiplient outre-Atlantique, où une nouvelle vision de l’urbanisme se développe.
Lors d’un voyage aux Etats-Unis, l’ingénieur zurichois Eugène Scotoni s’imprègne de cette nouvelle culture et de concepts tels que l’immeuble-tour, la construction métallique ou encore les bâtiments mixtes abritant habitations, commerces et infrastructures de loisirs. Il rêve de ramener ces idées dans son pays.
La Tour Bel-Air
Scotoni profite de la crise économique pour réaliser son projet pharaonique: créer à Lausanne le premier « gratte-ciel » de Suisse. Malgré de nombreuses oppositions et un débat passionné qui dure plusieurs mois, la Tour Bel-Air est édifiée en 1931 selon le modèle américain et avec l’aide de l’architecte
Alphonse Laverrière.
La tour offre, outre des bureaux d’affaires et des habitations, toutes les distractions les plus récentes: cinéma parlant, club de jazz, brasserie, salles de réception, etc. Cette vocation plurielle a perduré jusqu’à ce jour et à travers tout le XXe siècle – dans les années 1950 par exemple, son sommet a abrité une célèbre discothèque, le Grenier. Aujourd’hui encore, de nombreux concerts se déroulent dans la Salle Métropole.