En terrain calcaire, la présence occasionnelle d’eau à l’air libre provient soit du ruissellement de surface - lors de fortes précipitations ou en cas de pente importante, soit de la résurgence d’une source, comme ici. En s’écoulant à la surface de la roche, l’eau, chargée de particules minérales de différentes tailles, l’érode lentement.
Lorsqu’il se produit à l’endroit où rejaillit une source, ce phénomène entraîne peu à peu son recul. C’est cette «érosion régressive» qui donne naissance aux reculées.
La présence ici de sources n’est pas surprenante. L’eau qui s’écoule sous terre, en suivant de nombreuses fissures et en formant des rivières, doit nécessairement rejaillir à la surface. Cela arrive par exemple lorsque la rivière souterraine rencontre une couche rocheuse imperméable qui l’empêche de continuer à s’enfoncer. L’eau poursuit alors son action érosive horizontalement, jusqu’à ce qu’elle perce la paroi rocheuse et atteigne l’air libre, créant une source.
L’enchevêtrement de ruisseaux de surface qui tapisse le fond de ce vallon possède une autre origine. Lors des grandes glaciations, les glaciers ont transporté ici d’importantes quantités de débris de roches, créant des moraines qu’ils ont abandonnées en se retirant. La rivière qui s’écoule sous ce pont, tout comme l’Orbe, entame petit à petit cette couche de moraine, laissant deviner son épaisseur impressionnante.